Publié le 27 février 2008
Nous avons enquêté dans l'abattoir de Volailles Bruno Siebert situé en Alsace. Cet abattoir est spécialisé dans l'abattage des poulets, poules pondeuses de réforme et lapins.
Nous avons pu observer de graves défaillances qui ont conduit non seulement à l'abattage d'animaux conscients, mais également à soumettre des oiseaux vivants aux opérations d'échaudage, ce qui constitue un acte de grave négligence et de cruauté envers des animaux. Il est absolument intolérable que des animaux d'élevage terminent leur vie dans de telles souffrances.
LES FAITS
Lorsque la chaîne d'abattage s'arrête (pour des raisons techniques ou autre), des oiseaux sont déjà engagés dans le système de tringlerie qui mène à la lame automatique, sorte de scie circulaire. Au redémarrage de la chaîne, des poulets se dégagent des tringles évitant ainsi le coupe-cou et arrivent de ce fait conscients dans le bac d'eau chaude avant plumaison.
Pourtant, l'abatteur doit prendre « toutes les précautions en vue d'épargner aux animaux toute excitation, douleur ou souffrance évitables pendant les opérations d'abattage » (art. 3 du Décret n° 97-903 du 1er octobre 1997 relatif à la protection des animaux au moment de leur abattage ou de leur mise à mort).
Ces faits représentent également une violation de l'art. 5 de ce même décret, lequel stipule que « les installations et les équipements des abattoirs doivent être conçus, construits, entretenus et utilisés de manière à épargner aux animaux toute excitation, douleur ou souffrance évitables ».
De même, lors de l'arrêt de la chaîne d'abattage, les oiseaux situés entre le bac d'étourdissement et la lame automatique ne sont pas saignés en urgence, comme l'exige la réglementation, mais attendent suspendus aux crochets, de sorte qu'ils ont repris conscience lorsqu'ils passent par le coupe-cou automatique au redémarrage de la chaîne.
Nous avons pu constater l'agonie des poules pondeuses en attente sur la chaîne ainsi que la reprise de conscience (clignement des paupières, comportement après saignée : les oiseaux se débattant à leurs crochets jusqu'à perdre conscience par saignement).
Ces pratiques constituent une violation des dispositions des art. 1 et 4 de l'annexe V de l'Arrêté du 12 décembre 1997 relatif aux procédés d'immobilisation, d'étourdissement et de mise à mort des animaux et aux conditions de protection animale dans les abattoirs.
Saignée des animaux
1. Pour les animaux qui ont été étourdis, la saignée doit commencer le plus tôt possible après accomplissement de l'étourdissement et être effectuée de manière à provoquer un saignement rapide, profus et complet. En tout état de cause, la saignée doit être effectuée avant que l'animal ne reprenne conscience.
[...]
4. Une aide manuelle doit être disponible lorsque les volailles sont saignées à l'aide d'un coupe-cou automatique afin que, en cas de panne, les oiseaux puissent être abattus immédiatement.
(dispositions retranscrites dans l'art. R.214-71 du Code rural)
En discutant avec un employé, il nous a été expliqué que les arrêts de chaînes étaient dus notamment au changement de procédé de coupe à la suite de la chaîne suivant les besoins de l'abattoir, que ces arrêts étaient quotidiens.
La SPA et L214 ont signalé ces graves défaillances aux Services vétérinaires du Bas-Rhin qui ont diligenté une inspection sur place mais n'ont pas souhaité à ce jour en communiquer les résultats aux deux associations.